Elles ne me quittent pas.
Elles marchent dans mes pas
Les images d'hier,
Ma mère, mon père, mes frères!
Depuis combien d'étés,
De semaines et de peines
Sur la rive incertaine
Par le sort ignoré.
Désormais je suis seul.
Les voiles des linceuls
Ont emporté leurs corps,
Me laissant sur ce port.
Enchainé par mes jours,
Privé de leur amour,
Dans l'attente fébrile
De rallier leur ile.
Il est des jours bénis
Où mon ciel me sourit.
Un doux vent d'alizé
Mime de m'emporter.
Puis son souffle faiblit,
Le jour redevient nuit
Et ma barque immobile
M'éloigne de leur ile.
Combien de jours encore
A languir dans ce port
Attendant que le vent
Me délivre du temps.