D’un côté… y’a le père
Lui qui dit jamais rien
Lui qu’a pas de refrain
Et qui vit dans l’attente
Ou plutôt se contente
D’assurer le turbin
De ramener le pain
Qui n’a pas d’autre choix
Que de baisser les yeux
Que d’écouter cent fois
Tous les griefs du vieux
Muré dans le silence
Depuis sa tendre enfance,

De l’autre côté… y’a le vieux
Lui qui fait jamais rien
Qui sirote sans fin
Lui qui vit dans la fiente
Et surtout se lamente
Sur son fils bon à rien
Sur son triste destin
Qui élève la voix
La haine plein les yeux
Qui se prend pour le roi
Alors qu’il n’est qu’un vieux
Muré dans l’insolence
Muré dans la démence,

Et puis… y’a moi
Entre père et grand-père
Entre haine et enfer
Déjà plus un enfant
Même pas quatorze ans
Muré dans une cage
Comme un vil ragondin
Muré dans le garage
Comme un vulgaire chien
Mais qui attends serein
En ce petit matin
Ma ration quotidienne
Que le vieux s’en revienne…

Mais qui attends serein
En ce petit matin
Mes deux tranches de pain
Un chenet à la main….