Il portait sous son pantalon
Un vieux caleçon long
Qui n'était pas souvent lavé
Rue Louis Bouilhet.
Il s'appelait Marc, il était un peu simplet
Et dans une chambre aux murs lépreux,
Noyé dans la misère il survivait;
Oui, on peut le dire c'était un gueux.
Il n'avait pour vivre que son RMI
Ô, Dieu combien triste était sa vie.
Dans les rues de Rouen, il errait, le soir tard
On le croisait parfois l'air hagard.
Il était gros, gras et bedonnant
Les cheveux aux quatre vents
Ou retenus par un sordide catogan.
Son unique falzar avait un large trou au cul,
De même que son répugnant pull marron
Etait déchiré au niveau des aisselles.
Il l'avait récupéré dans une poubelle
Un jour où n'ayant plus un rond
À cette basse besogne il s'était résolu.
Souvent pour calmer sa faim,
il se rendait dans les soupes populaires.
Et se saoûlait de mauvais vin
Pour tenter d'oublier sa galère.
À sa vue les gens rigolaient
Oui, on se moquaient,
Derrière lui les rires fusaient.
Lorsque de chercher du travail il tentait,
Les patrons sans vergogne le chassaient.
Un jour, il a disparu
Dans Rouen on ne l'a plus revu
Et la rue Louis Bouilhet
À tout d'un coup semblé dépeuplée.
Certains ont dit qu'il était parti
Qu'il errait et mendiait sa vie
D'un bout à l'autre de la Terre
Seul, fou et plein de colère.
Mais moi qui bosse à la morgue,
Un soir, j'ai vu arriver son corps,
On l'avait retrouvé mort
Sous un lampadaire
Au coin de la rue Louis Bouilhet.
Peu de gens le savaient
Mais d'une tumeur au cerveau il souffrait.
Il est mort comme un chien
Et fut enterré seul et sans rien,
C'est sur pour lui on ne fit pas jouer les grandes orgues.
Il portait sous son pantalon
Un vieux caleçon long
Qui n'était pas souvent lavé
Rue Louis Bouilhet.