C’était un matin du joli mai.
La terre
Émergeait de son mystère,
Germé
Du silence de l'hiver
Et du froid de l’hier.
Ce qui me montait d’elle
Me donnait une paire d’ailes :
Soudain, irrépressible, j’ai su
Ce chant qui m’habitait, à mon insu !
Et j’ai su du matin, le rite transcendant
Qui, de l’étoile aux quatre vents
Tire un rideau sonore
Tout irisé encore
Des bruines de la nuit
Qui fuit
Au levant qui se dore.
Où t’en vas-tu,
Suspendue au plus clair de ce jour,
Brume qui t’effiles et t’enroules tout autour ?
Es-tu
Le rêve qui s’incarne et se livre
Ou bien un bonheur qui s’offre, vif, gai,
Tout ivre,
Aux regards ébahis,
Surpris,
Subjugués ?
Entre mes doigts mystifiés
La trame du matin entrecroise le rose
À l’or vibrant qui ose
Se mêler au bleu mouvant du ciel et de l’eau,
Et des ailes d’un oiseau
Extasié !
Que sais-tu, dis-moi, de l’instant
Qui muse et te renverse,
Folâtre et se suspend
Au temps qui le traverse ?
Il a connu ton jour
Ton rêve
Et cet Amour
Qui te soulève
Et va
Au rythme de ton pas…
Tu n’en sais rien sinon
Ce chant de ton nom
Qui te dit bien avant
L’aurore et le couchant !
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Jacqueline Dubé