T'ai-je jamais dit combien je t'aime?
Je te parle au présent et pourtant
Tu es partie...
Il y a longtemps,
Au milieu d'une nuit!

La veille, je t'avais apporté des vêtements...
J'avais vu que tu n'allais pas!
Mais tu devais continuer d'être là,
Demain, ainsi de suite, pour moi!
Une maman, ça ne meurt pas...
Et j'ai continuer d'installer les vêtements!

Tu ne te sentais pas de vivre Dans cette grande maison,
La maison des autres,
Parmi des gens très âgés, perturbés!
"Des vieux, tu disais, rien que des vieux!"
Tu aimais ton petit "chez toi"!
Mais tu ne pouvais plus rester seule...
Et le moyen de faire autrement...
Nous ne l'avions pas!...

Je ma suis assise tout près de ton lit,
Je t'ai passé sur le visage
Ton eau de cologne préférée,
Celle que tu mettais sur mon mouchoir d'enfant
Et que j'utilise encore aujourd'hui, à tout moment!

Aspergée sur un linge mouillé,
C'était doux, c'était bon, c'était frais
Cet instant où la main d'une fille
Rencontre ainsi le visage de sa mère!
Et quand la fille retire sa main,
La maman la reprend
Et se niche dedans!...

Le lendemain, je devais t'apporter
Tes pelotes de laine, tes aiguilles à tricoter...
Mais, dans la nuit, le téléphone a sonné:
"Madame, votre Maman est passée,
Dans son sommeil, comme une bougie soufflée!"

Tu m'avais faussé compagnie,
Sans crier gare!
En fait, ta place n'était pas là:
Tu es restée cinq jours dans ta maison de vieux,
Elle ne te plaisait pas!
Tu as tourné les talons
Tout simplement!
C'est trop bon la liberté,
Tu n'as pas pu t'en empêcher...

Maintenant tout devrait être fini
Et pourtant une autre relation commence...
Ô combien précieuse et passionnante!

Qui me conseille dans la vie?
-Toi, Maman.
Qui m'aide à soigner celui qui partage ma vie?
-Toi, Maman.
Qui me souffle les mots qu'il faut dire,
A quel moment les dire?
-Toi, Maman.

Quand je te parle en murmurant ton nom,
Tu m'entends, tu accours et me réponds,
Toi qui as su très simplement mais si fort:
Aimer, soigner, préserver, compatir,
Recevoir, donner, pleurer, rire,
Jacasser, tomber, te relever,
Encourager, éduquer, rebondir,
Pardonner et nourrir à profusion
D'affection
Tous les tiens!

Gilbert Bécaud a chanté
"L'important c'est la rose"!
Alors Maman, je te la donne
A t'enivrer de son parfum,
A effeuiller jusqu'au dernier pétale,
A aimer sans raison
Si ce n'est celle d'entendre ta fille murmurer:
"Je t'aime, Maman!".