A l'heure des oiseaux ma fenêtre aquarelle
Esquisse dans le ciel un feston de gris-bleu :
La montagne dressée sous le voile laiteux
D'une plume de cygne, un cirrus de dentelle.
Ici la nuit s'attarde en ses draps de rosée
Le vent s'est endormi, la vigne rêve encore,
Le grand arbre dessine un sombre sémaphore
Où le merle amoureux déroule sa portée.
Lentement, dans l'air frais, la lumière picore
Des miettes de noirceur à l'orient des côteaux
Et déjà le granit des sommets les plus hauts
Abandonne ce gris que le soleil redore.
Ici l'astre s'annonce en un clair émergeant
Au loin l'aboi d'un chien, un coq qui coqueline,
Sous la brume légère une aura se dessine
Et le vallon s'enflamme au premier rai d'argent.
Que j'aime ces matins quand la clarté dévore
Cette ombre qui s'accroche aux choses alentour,
Si l'espoir a son temps dans la course du jour,
C'est à ce moment là … c'est de l'aube à l'aurore.